Bonjour à toutes et tous,
Voilà maintenant presque 3 ans que j’anime un atelier peinture dans cet EHPAD (unité protégée Alzheimer) et il est vrai que régulièrement des résidents « partent », je veux dire meurt ou vont dans un autre service, un autre établissement… C’est une réalité.
C’est triste lorsque c’est un décès et en même temps parfois, pour ne pas dire souvent c’est une délivrance pour la famille. Le deuil de la personne a déjà été fait, reste le manque physique en fait…
Enfin, j’ai souvent appris la « mauvaise nouvelle », sans trop d’émotion, de ressentis si ce n’est l’empathie ressentie pour la famille que je côtoie aussi généralement. Mais là cette fois-ci, tout a été différent…
J’ai connu Francis lorsque j’ai commencé les ateliers. Très vite, il a participé, toujours pressé, toujours rapide et très adroit, toujours très poli, toujours demandeur d’en faire plus…
Chaque lundi, au bout du couloir, il était celui qui m’accueillait, le premier à venir me serrer la main, savoir comment j’allais… il était le premier que je réconfortais dans les mauvais jours… mais toujours ce sourire quoiqu’il arrive, ce regard qui s’illumine comme si en me voyant il reconnaissait une vieille amie, une cousine…
Il refusait souvent, presque toujours de participer au départ, sous prétexte d’avoir dix mille choses à faire, de devoir partir, à Paris ou ailleurs, d’être attendu par sa femme (décédée depuis plusieurs années pourtant) et en définitive il a très souvent participé aux ateliers… Il était rapide, précis, impatient… et j’adorais voir son visage s’illuminer lorsque le résultat du « travail » effectué lui convenait…
Et puis, un jour, Francis n’était pas bien (il y avait déjà eu des petites alertes bien-sûr)… et je devais ensuite m’absenter 2 semaines car je prenais des congés. J’ai demandé à le voir et par chance il était bien conscient à ce moment-là et j’ai eu le privilège de pouvoir lui prendre la main et d’échanger avec lui… et à ses mots, à ses regards, j’ai su qu’il me disait au revoir… paisiblement, droit dans les yeux, sereinement… il est mort quelques jours après, sans douleurs…
A mon retour, l’équipe soignante m’a donc appris la «triste nouvelle »… et j’avoue avoir eu un pincement au cœur mais je n’ai pas été surprise.
Mais le manque s’est fait ressentir la semaine d’après, lorsque je suis arrivée dans l’unité, après avoir franchi la porte, le couloir et être arrivée à l’endroit où d’habitude Francis était là, avec son sourire, son regard qui s’illumine… et là,…à la place, un grand vide…
J’avoue avoir l’intime conviction, étayée il est vrai par de nombreux témoignages et études maintenant, que lorsque arrive notre dernier souffle, la vie ne s’arrête pas, notre âme part, continue « ailleurs »… et ceci permet d’appréhender, de gérer différemment le décès des personnes proches ou non…
Mais en presque 3 ans, c’était la première fois que le décès d’un résident provoquait en moi un sentiment de nostalgie, de tristesse, de tendresse…
A toi Francis, merci pour ces moments de partage, de rire, d’échanges dits et non-dits…
Voilà, je voulais juste partager avec vous ce petit bout de vie, cette toute petite expérience vécue en EHPAD…
Au plaisir, Valérie

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